Lors du conseil de surveillance de l’hôpital de Montfermeil qui s’est tenu ce vendredi, j’ai proposé une motion de soutien aux personnels des urgences et aux personnels hospitaliers en grève dans notre département. Cette motion n’a pas été mise au vote car « trop politisée » selon M. Schumacher, maire-adjoint de Montfermeil, représentant le Président du Conseil de surveillance, M. Lemoine. C’est oublier que la situation de l’hôpital public aujourd’hui est bien le fruit des politiques menées depuis des décennies. Voici donc ma motion, dans son intégralité.
« Je propose aux membres du Conseil de surveillance d’apporter notre soutien aux personnels hospitaliers et aux urgentistes en grève, dans notre département et sur tout le territoire.
Depuis maintenant des mois, les professionnels de santé sont mobilisés pour dénoncer la casse du service public de santé et réclamer les moyens nécessaires à l’exercice de leurs missions.
Mardi dernier, les syndicats ont appelé à la mobilisation. Ce samedi 15 juin, la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité appelle aussi à une grande journée d’action décentralisée. Et partout, des services d’urgence poursuivent la grève et alertent sur un « point de rupture jamais atteint », comme l’a par exemple exprimé il y a quelques jours le président de Samu-France.
C’est dans ce contexte que Mme Buzyn, Ministre de la santé, a présenté son projet de loi Organisation et Transformation du système de santé. « Ma santé 2022 » poursuit les lois précédentes mises en œuvre par Roselyne Bachelot, Marisol Touraine.
Reposant sur des critères comptables imposés par Bruxelles qui font la part belle au privé au détriment du public, cette réforme, qui sera pour l’essentiel votée par ordonnances, favorisera le secteur privé, continuant ainsi d’obéir à la logique déjà bien engagée de marchandisation du secteur de la santé, au détriment de l’intérêt général de nos concitoyens.
Ce projet de loi n’est pas la hauteur de la crise de l’hôpital public et des difficultés d’accès aux soins dans notre pays, et particulièrement en Seine-Saint-Denis où tous les indicateurs sont au plus bas et en-dessous des moyennes nationales et régionales, qu’il s’agisse de la densité médicale (3, 1 médecins pour 1000 habitants quand le taux régional est de 5,1 et de 5,7 en France métropolitaine) ; de la mortalité prématurée (190 décès prématurés pour 100 000 h dans notre département contre 113 en Ile-de-France) ou encore de l’IDH (indice de développement humain. Critères : éducation, espérance de vie à la naissance et revenus médians par foyer. 0, 39 contre 0,57 en IDF ). Ces chiffres sont connus et l’ARS en fait le constat. Mais constater ne suffit pas.
La crise des urgences est le symptôme le plus flagrant de la crise de la santé publique. Quand il n’y a pas assez de médecins de ville, que les prises de rendez-vous pour des consultations de spécialistes prennent des mois, qu’on supprime des lits, des services, qu’on pèse sur la masse salariale, alors, fatalement, les urgence sont saturées.
Les personnels hospitaliers, aux urgences et dans les services, sont, quant à eux, au bord de l’épuisement professionnel généralisé et les syndicats tirent la sonnette d’alarme face au nombre croissant de burn-out et de suicides.
Pourrait-on faire autrement ? Oui. Cette dégradation à marche forcée est-elle inéluctable ? Non. C’est une question de choix politiques. Des solutions existent pour faire face à l’urgence sanitaire. Par exemple, créer 100 000 emplois statutaires par an pendant 3 ans dans les filières gériatriques et les EHPAD, revaloriser les carrières et les rémunérations, mettre en place un pôle public du médicament…
Cela suppose en place un plan d’investissement pour une santé de qualité accessible à toutes et tous, financé par la suppression de la taxe sur les salaires dans les hôpitaux, la suppression du CICE et du CIR, des exonérations de cotisations patronales et une véritable lutte contre la fraude patronale aux cotisations sociales. C’est ce projet alternatif de santé que proposent les parlementaires du groupe communiste au Sénat et à l’Assemblée.
Il est temps d’investir massivement dans la qualité de nos établissements et dans les recrutements pour répondre aux besoins humains. Notre pays en a les moyens.«