En Palestine

En mai, je suis partie une semaine en Palestine où j’ai conduit la délégation du Département aux 5èmes Assises de la coopération décentralisée franco-palestinienne à Ramallah, accompagnée des directrices du service International Europe et Via Le Monde et des responsables des projets internationaux de l’Observatoire des Violences Faites aux Femmes.

200 participan.te.s, 34 collectivités françaises représentées par 120 élu.e.s et experts, étaient au rendez-vous du Réseau de Coopération Décentralisée avec la Palestine (RDCP) et Cités Unies France, en partenariat avec l’association des villes palestiniennes et le soutien du Ministère des Affaires étrangères. 

Je suis intervenue lors d’une table ronde sur la coopération innovante qui nous lie à la ville de Jénine, « Pour des territoires protecteurs des femmes victimes de violence», au côté de la dynamique et chaleureuse responsable du programme à Jenine. Fort de son expertise reconnue au niveau européen et de l’ingénierie de projet développée depuis 20 ans, ce programme international d’échanges, de soutien et de formation porté par l’OVF,  soutenu financièrement par l’Agence Française de Développement, essaime ainsi à Jénine, aux Comores et au Mexique, chaque coopération se nourrissant des spécificités et des besoins propres à chacune des collectivités engagées dans la création d’un observatoire local.

Nous nous sommes ensuite rendues à Jenine, au nord de la Palestine, en Cisjordanie occupée, avec laquelle notre Département coopère depuis 1999 dans de nombreux domaines – eau et assainissement ; culture et sport – et maintenant, dans le cadre de ce projet international.  

Formations et échanges d’expériences auprès des acteurs de la police, de la justice, de la santé et de l’action sociale ; échanges nourris avec les autorités locales et les associations ; découverte du site qui deviendra à terme un lieu d’hébergement pour les femmes victimes de violence. Une coopération riche et féconde, porteuse d’avenir et pourtant… endeuillée le matin même de la première journée de formation par la mort de 3 jeunes dont un employé municipal, aux abords du camp de réfugiés, tués par l’armée israélienne, alors que cette même semaine de mai on dénombrait 34 palestinien.ne.s tué.e.s à Gaza lors de raids israéliens. En ce dernier jour de mai, on compte désormais 161 morts palestiniens (230 morts en 2022, année la plus meurtrière selon l’ONU). 

On me demande souvent ce que j’ai pensé de la Palestine… Je pense à l’incroyable dignité de ce peuple qui continue de se battre pour la reconnaissance de son territoire et des droits humains : « il faut bien vivre ». Comme l’écrivait l’immense poète palestinien Mahmoud Darwich  Nous aussi nous aimons la vie quand nous en avons les moyens.

Le quartier Silwan à Jérusalem-Est, Ramallah, Jénine… Une semaine que je n’oublierai pas.

Se souvenir, pour aujourd’hui et pour demain

A l’occasion de la Journée Nationale du Souvenir des Héros et Victimes de la Déportation, j’étais ce dimanche 30 avril à Montreuil pour inaugurer l’exposition consacrée au « Convoi des 31000 », installée sur les grilles de la place de la mairie, à côté de la plaque commémorative consacrée à Danielle Casanova.

J’ai rappelé l’engagement des femmes dans la lutte contre l’oppression nazie et pour leur épanouissement et leur égalité, une « condition nécessaire du développement du progrès social » disait cette héroïne de la Résistance communiste, qui faisait partie de ce convoi et ne revint pas de l’enfer. La reconnaissance du rôle des femmes doit prendre toute sa place dans l’histoire de la Résistance. A ce titre, le Département appuie et soutient la création à venir d’un Mémorial des Femmes Résistantes au Fort de Romainville, où quelque 3500 femmes résistantes ont été détenues – d’autant qu’il n’existe nulle part un tel projet.

Sabine Pesier, présidente des Amis du Musée de la Résistance Nationale de Seine-Saint-Denis, a ensuite présenté l’exposition, commande du Département dans le cadre de l’année mémorielle départementale consacrée à 1943, réalisée par Thomas Fontaine, directeur du MRN, avec l’appui de l’association Mémoire vive. Au coté de nombreuses associations mémorielles, de mon collègue Belaide Bedreddine, de Méline Le Gourrierec, conseillère municipale déléguée à la jeunesse, à la mémoire et aux anciens combattants, nous avons ensuite rendu hommage à la mémoire de ces femmes et de ces hommes.

Car si la mémoire est un devoir, c’est aussi une absolue nécessité, à l’heure où le racisme, l’antisémitisme, la haine, le fascisme, les guerres ont refait surface. A l’heure où la démocratie est trahie par les plus hautes autorités de l’Etat et où la crise économique rejette une part de plus en plus importante de la population dans les difficultés quotidiennes.


Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde : ces mots de Bertolt Brecht écrits en 1941, dans « La Résistible ascension d’Arturo Ui », sont toujours d’actualité. Reste le mot « résistible ». Nous devons, encore et toujours, résister

Ce mois-ci, en séance du Conseil départemental

CAP 2030, plan pluriannuel d’investissement culturel, artistique et patrimonial de 50 millions €, a été voté à l’unanimité en séance du Conseil départemental ce 10 mars. Je m’en réjouis d’autant plus que depuis 2009 il n’y avait plus eu d’investissement dans ces domaines, sinon des investissements d’urgence ou emblématiques.

J’ai présenté la dimension patrimoniale de ce plan : la préservation et la valorisation du patrimoine bâti emblématique de l’histoire sociale, ouvrière et industrielle du département, avec la création du fonds de soutien Patrimoine 2030 ; la connaissance et l’appropriation du patrimoine contemporain et immatériel par toutes et tous ; la promotion des démarches d’identification et de valorisation du patrimoine grâce à l’expertise du Département notamment auprès des communes et des EPT. Enfin, en lien avec le fil mémoriel 2023 consacré aux 80 ans de l’année 1943, notre contribution à la mise en réseau des lieux d’internement et de déportation en Seine-Saint-Denis.

Deuxième sujet de cette séance, la stratégie paralympique départementale pour favoriser l’inclusion des personnes en situation de handicap en améliorant l’accessibilité des pratiques sportives : appels à projet pour développer des activités parasportives dans les structures associatives ; programme « Clubs inclusifs » proposant aux encadrants.es et dirigeants.es de clubs des formations à l’accueil des personnes en situation de handicap ou encore le développement de sections de sports adaptés dans les écoles multisports.

Enfin, lors d’un point d’actualité sur les JOP, Emilie Lecroq est intervenue au nom de notre groupe : de trop nombreuses interrogations demeurent sur la conduite des chantiers en cours, la sécurité des travailleurs et la nécessaire régularisation de travailleurs sans-papiers ; sur les dispositifs de sécurité inédits, véritable laboratoire sécuritaire, ou encore la billetterie bien trop chère. Enfin, la reconversion des équipements olympiques en logements augmentera la pression foncière et les prix du marché, au détriment de la population séquano-dyonisienne et de la mixité sociale.

FEMMES EN LUTTE !

La semaine dernière, j’ai inauguré l’exposition « Femmes en lutte ! » aux archives départementales, au côté de de Stéphane Troussel et de Pascale Labbé, à l’occasion du 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

Conçue à partir du riche fonds photographique des Archives départementales, cette exposition donne à voir, sur une période de 50 ans, l’histoire des femmes dans les manifestations et les grèves ouvrières, notamment lors de la désindustrialisation de la Seine-Saint-Denis. Un cycle mensuel de visites guidées ainsi que trois tables rondes en avril, mai et juin, complètent l’exposition.

Au préalable, nous avons donné le nom de Suzanne Citron aux archives départementales, en présence de sa famille. Historienne et essayiste, son ouvrage “Le mythe national, l’histoire de France revisitée”  publié en 1987 et réédité en 2017, met à distance les clichés qui ont peuplé nos livres d’histoire et invite à la réflexion.

Résistante pendant la 2nde guerre mondiale et anticolonialiste, militante pour un enseignement renouvelé de l’histoire, qui donne à toutes les Françaises et tous les Français, quelle que soit leur origine, le droit d’avoir un passé différent et d’inscrire leur mémoire familiale dans celle de notre pays. Elle le fit ici-même, en Seine-Saint-Denis, comme professeure pendant 11 ans à l’Université Paris XIII-Villetaneuse.

Les droits des femmes ne sont jamais acquis. La réforme des retraites notamment, aura pour première victime les femmes, plus exposées aux emplois précaires, aux carrières hachées et aux difficultés économiques. Rendez-vous demain,15 mars pour la 10ème journée de mobilisation contre la réforme du gouvernement.