
On n’oublie pas Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, morts électrocutés dans un transformateur EDF. Et leur copain, Muhittin Altun, 17 ans, très grièvement blessé. On se souvient de ces nuits terribles et des hélicoptères qui tournaient sans cesse au-dessus des Bosquets, au-dessus de Clichy-sous-Bois.
Chaque année, à Clichy-sous-Bois et à Montfermeil, on se souvient de ces jeunes vies brutalement arrachées, on pense au désespoir et au désarroi de leurs familles… Trois ados, revenant de jouer au foot, se cachant dans un transformateur EDF pour échapper aux policiers. « Je ne donne pas cher de leur peau » avait lancé l’un des deux policiers mis en examen pour non-assistance à personne en danger. Jugés 10 ans plus tard, les deux policiers ont été relaxés en 2015 puis en 2016, lors de l’appel des familles.
Qualifiées alors d’émeutes urbaines, la déflagration sociale qui a suivi la mort insupportable parce qu’injustifiable de Zyed et Bouna, disait tout de la colère et de la révolte des jeunes de ces banlieues populaires délaissées par l’Etat, de la relégation sociale subie, du mépris affiché par les médias.
En banlieue mais aussi dans les territoire ruraux, les inégalités sociales et territoriales se sont aggravées depuis 20 ans, alors que dans le même temps les services publics de proximité disparaissent et que les associations sont mises à mal. En Seine-Saint-Denis, notre département, le plus pauvre mais aussi le plus jeune de France métropolitaine, deux rapports parlementaires le disent : qu’il s’agisse d’accès aux droits, d’éducation, de culture et de sport, de santé, de logement, de justice et de sécurité, ce qu’on appelle les politiques de droit commun qui relèvent de l’Etat, ne sont pas au rendez-vous.
Zyad et Bouna n’auront jamais eu 20 ans, ni 37 ni 35 ans. La justice sociale reste toujours dans l’antichambre des valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité