27 octobre, il y a 20 ans…

On n’oublie pas Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, morts électrocutés dans un transformateur EDF. Et leur copain, Muhittin Altun, 17 ans, très grièvement blessé. On se souvient de ces nuits terribles et des hélicoptères qui tournaient sans cesse au-dessus des Bosquets, au-dessus de Clichy-sous-Bois. 

Chaque année, à Clichy-sous-Bois et à Montfermeil, on se souvient de ces jeunes vies brutalement arrachées, on pense au désespoir et au désarroi de leurs familles… Trois ados, revenant de jouer au foot, se cachant dans un transformateur EDF pour échapper aux policiers. «  Je ne donne pas cher de leur peau » avait lancé l’un des deux policiers mis en examen pour non-assistance à personne en danger. Jugés 10 ans plus tard, les deux policiers ont été relaxés en 2015 puis en 2016, lors de l’appel des familles. 

Qualifiées alors d’émeutes urbaines, la déflagration sociale qui a suivi la mort insupportable parce qu’injustifiable de Zyed et Bouna, disait tout de la colère et de la révolte des jeunes de ces banlieues populaires délaissées par l’Etat, de la relégation sociale subie, du mépris affiché par les médias. 

En banlieue mais aussi dans les territoire ruraux, les inégalités sociales et territoriales se sont  aggravées depuis 20 ans, alors que dans le même temps les services publics de proximité disparaissent et que les associations sont mises à mal. En Seine-Saint-Denis, notre département, le plus pauvre mais aussi le plus jeune de France métropolitaine, deux rapports parlementaires le disent : qu’il s’agisse d’accès aux droits, d’éducation, de culture et de sport, de santé, de logement, de justice et de sécurité, ce qu’on appelle les politiques de droit commun qui relèvent de l’Etat, ne sont pas au rendez-vous. 

Zyad et Bouna n’auront jamais eu 20 ans, ni 37 ni 35 ans. La justice sociale reste toujours dans l’antichambre des valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité

Ma déclaration sur la rénovation-extension des collèges de Montfermeil.

Enseignants, équipes du collège et parents d’élèves élus au conseil d’administration ont découvert la rénovation-extension du collège Jean-Jaurès fin juin et ont fait savoir au Président du Département leur profond désaccord avec le projet présenté. Comment envisager une extension du collège avec des classes en moins et des élèves en plus ?! Pour ma part, après des années de lutte, j’ai fait la déclaration suivante :

Autant je partage la nécessité d’une rénovation lourde des collèges Jean-Jaurès et Pablo-Picasso compte tenu de leur dégradation en continu, autant je déplore le choix retenu par le Département d’une extension qui portera le nombre d’élèves à 850 dans chacun des 2 collèges existants. 

Ce désaccord, je l’ai fait connaître publiquement ici même, et au sein des instances du Département à de nombreuses reprises. 

Cela fait 10 ans que je soutiens avec les parents d’élèves et les enseignants de Montfermeil, qu’il faut non seulement un 3ème collège à Montfermeil, mais qu’il faut également revoir les jauges des 2 collèges existants et revenir à 3 collèges 650. 

La cour régionale des comptes dans un rapport sur les collèges en SSD ne disait pas autre chose. Les syndicats enseignants ne disent pas autre chose. Ces rénovations lourdes en offraient l’opportunité, et c’était dans l’ordre du possible, car après la signature d’une pétition par 1300 Montfermeillois.e.s, le maire avait finalement accepté  de céder 2 terrains, certes séparés par une voirie, ce qui aurait entraîné des surcoûts pour le Département.

J’ai obtenu du Département qu’une étude soit réalisée à l‘été dernier sur la prospective démographique du canton, alors que la France,l’Ile-de-France, notre département, connaissent une baisse de la natalité. En février dernier, j’ai accompagné à leur demande une délégation de parents d’élèves et de représentants d’enseignants auprès du Département. Cette étude est bien sûr quantitative et prévoit des difficultés pour les années 2028-2030. Mais les difficultés sont déjà là ! 800 élèves sont d’ores et déjà prévus à Jaurès à la prochaine rentrée. Et si une baisse démographique est envisagée, nous voyons bien ici, sous nos yeux, toutes les constructions en cours de réalisation.

La question qui est posée est bien celle de la qualité de l’accueil et de la vie scolaire, pour les élèves, les enseignants et l‘ensemble des personnels. Pour rencontrer des principaux de collèges à 600  -650 élèves, je vois bien leur satisfaction.

L’autre question, c’est celle de la mixité sociale, que nous avons toujours réussi à préserver. Qu’en sera-t-il de la mixité sociale quand les élèves surnuméraires de la zone pavillonaire de Jaurès devront aller à Gagny et ceux de Picasso à Clichy ?

Rentrée scolaire à Jean-Jaurès

Soyons les messagers de la paix et engageons-nous pour le respect du droit international !

Samedi 28 juin, je me suis rendue à la kermesse de la mosquée des louanges, à l’invitation de son Président, Farid Kachour. Un moment de fête chaleureux (et très chaud !), pensé pour le bonheur et le plaisir des enfants. Bravo pour cette 15ème édition ! Voici un extrait de ma déclaration :

« Vous êtes, vous les enfants, les meilleurs ambassadeurs d’un monde de paix et de fraternité, d’un monde où l’on peut vivre en toute sécurité auprès de sa famille et de ses amis, auprès de toutes celles et ceux que l’on ne connaît pas mais qui aspirent aussi à vivre en paix. (…)

Mais, aujourd’hui, le monde va très mal et il n’y a jamais eu autant de guerres sur notre planète. Le droit international est bafoué, et je pense bien sûr à la Palestine, à Gaza et à la Cisjordanie. Plus de 54 000 morts depuis le début du conflit et chaque jour, des hommes, des femmes et des enfants continuent de mourir, simplement parce qu’ils veulent se nourrir. C’est insupportable ! Les bombardements sur l’Iran ont permis à Benjamin Netanyahou et à Donald Trump de faire disparaitre du calendrier la reconnaissance d’un état palestinien comme une priorité absolue. (…) La « paix par la force » comme la conçoivent Trump et Netanyahou n’existe pas.  

Ne laissons pas la loi du plus fort s’exprimer. Soyons toutes et tous les messagers de la paix et engageons-nous pour le respect du droit international.

Le 29 avril 1945, les femmes votaient pour la première fois en France. 

Il y a 80 ans, le 29 avril 1945, les femmes votaient pour la première fois en France. Puis, en octobre de la même année, 33 femmes entraient à l’Assemblée nationale.

Un droit enfin conquis après des décennies de luttes. Leur engagement dans la Résistance, leur sacrifice et les souffrances endurées rendait aux femmes leur légitimité à intervenir dans la vie politique, à se mêler de leur vie quotidienne. J’ai souhaité en faire un événement animé par une exposition et une conférence sur « le droit de vote des femmes ou l’universel en question » interrogeant la démocratie représentative et questionnant la  délégation de pouvoir de 1789 à nos jours.

Ce mardi 29 avril 2025, j’ai inauguré l’exposition réalisée par les Archives départementales avec les Archives nationales avant la conférence de Michèle Riot-Sarcey, historienne et professeure émérite des Universités, en compagnie de ma collègue Pascale Labbé, vice-présidente à l’égalité Femme-Homme.   

L’exposition retrace l’ordonnance du 21 avril 1944 du Gouvernement provisoire de la République française portant organisation des pouvoirs publics en France et de son article 17, « les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes » déposé par Fernand Grenier, député communiste.  Elle est également consacrée aux premières femmes élues du territoire de la Seine-Saint-Denis. En 1925, Marie Chaix à Saint-Denis et Marthe Tesson à Bobigny, toutes deux ouvrières, sont élues sur les listes du PCF aux élections municipales. Elles ne siègeront que quelques mois, les préfectures puis le Conseil d’Etat annulant leur élection. En 1945, Pierrette Petitot à Villetaneuse, Raymonde Couthier à Pantin ; Marguerite Lamy-Le Maut à Aubervilliers ; Renée Lehut à La Courneuve ; Simone Troisgros à Saint-Denis, issues de milieux populaires, de la Résistance, engagées au PCF et à l’Union des Femmes Françaises sont élues aux élections municipales.

Je me suis intéressées pour ma part au droit de vote et au droit d’éligibilité des femmes, qui ne sont pas toujours concomitants : ainsi le droit de vote des femmes est acquis pour la toute première fois au monde en Nouvelle-Zélande en 1893, y compris pour les femmes Maoris, mais elles n’auront le droit d’être élues qu’en 1919.

Ces combats pour l’égalité menés depuis la fin du XIXème siècle sont tributaires des guerres mondiales, des révolutions, des mouvements de décolonisation, et de critères de genre, sociaux et raciaux qui en disent long sur l’état de la société en regard des droits des femmes : en Espagne, par exemple, les femmes veuves et célibataires acquièrent ce droit en 1924 mais pas les femmes mariées ni les prostituées, qui devront attendre 1946 pour voter ! 

Le critère économique joue parfois aussi le rôle de curseur : en Inde, les femmes qui votent à partir de 1935 doivent être propriétaires et savoir lire et écrire. Cette situation perdurera jusqu’en 1950, date à laquelle l’Inde se dote d’une Constitution et devient une République, 3 ans après l’Indépendance.

Le niveau d’éducation est un autre des critères qui régissent le droit de vote des femmes : au Portugal, il n’est reconnu en 1931 que pour les femmes diplômées de l’enseignement secondaire. Pour toutes les autres, il faudra attendre 1974 et la Révolution des Œillets.

Enfin, quand la question du genre se conjugue à celle des « minorités », le droit de vote universel mets du temps à s’affirmer : aux Etats-Unis où les Afro-américaines n’ont accédé au droit de vote qu’en 1965 avec le Voting Rights Act, et en Afrique du Sud, où les femmes métisses devront attendre 1984 et les femmes noires 1994, quand les femmes blanches ont obtenu le droit de vote en 1931.