Le 29 avril 1945, les femmes votaient pour la première fois en France. 

Il y a 80 ans, le 29 avril 1945, les femmes votaient pour la première fois en France. Puis, en octobre de la même année, 33 femmes entraient à l’Assemblée nationale.

Un droit enfin conquis après des décennies de luttes. Leur engagement dans la Résistance, leur sacrifice et les souffrances endurées rendait aux femmes leur légitimité à intervenir dans la vie politique, à se mêler de leur vie quotidienne. J’ai souhaité en faire un événement animé par une exposition et une conférence sur « le droit de vote des femmes ou l’universel en question » interrogeant la démocratie représentative et questionnant la  délégation de pouvoir de 1789 à nos jours.

Ce mardi 29 avril 2025, j’ai inauguré l’exposition réalisée par les Archives départementales avec les Archives nationales avant la conférence de Michèle Riot-Sarcey, historienne et professeure émérite des Universités, en compagnie de ma collègue Pascale Labbé, vice-présidente à l’égalité Femme-Homme.   

L’exposition retrace l’ordonnance du 21 avril 1944 du Gouvernement provisoire de la République française portant organisation des pouvoirs publics en France et de son article 17, « les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes » déposé par Fernand Grenier, député communiste.  Elle est également consacrée aux premières femmes élues du territoire de la Seine-Saint-Denis. En 1925, Marie Chaix à Saint-Denis et Marthe Tesson à Bobigny, toutes deux ouvrières, sont élues sur les listes du PCF aux élections municipales. Elles ne siègeront que quelques mois, les préfectures puis le Conseil d’Etat annulant leur élection. En 1945, Pierrette Petitot à Villetaneuse, Raymonde Couthier à Pantin ; Marguerite Lamy-Le Maut à Aubervilliers ; Renée Lehut à La Courneuve ; Simone Troisgros à Saint-Denis, issues de milieux populaires, de la Résistance, engagées au PCF et à l’Union des Femmes Françaises sont élues aux élections municipales.

Je me suis intéressées pour ma part au droit de vote et au droit d’éligibilité des femmes, qui ne sont pas toujours concomitants : ainsi le droit de vote des femmes est acquis pour la toute première fois au monde en Nouvelle-Zélande en 1893, y compris pour les femmes Maoris, mais elles n’auront le droit d’être élues qu’en 1919.

Ces combats pour l’égalité menés depuis la fin du XIXème siècle sont tributaires des guerres mondiales, des révolutions, des mouvements de décolonisation, et de critères de genre, sociaux et raciaux qui en disent long sur l’état de la société en regard des droits des femmes : en Espagne, par exemple, les femmes veuves et célibataires acquièrent ce droit en 1924 mais pas les femmes mariées ni les prostituées, qui devront attendre 1946 pour voter ! 

Le critère économique joue parfois aussi le rôle de curseur : en Inde, les femmes qui votent à partir de 1935 doivent être propriétaires et savoir lire et écrire. Cette situation perdurera jusqu’en 1950, date à laquelle l’Inde se dote d’une Constitution et devient une République, 3 ans après l’Indépendance.

Le niveau d’éducation est un autre des critères qui régissent le droit de vote des femmes : au Portugal, il n’est reconnu en 1931 que pour les femmes diplômées de l’enseignement secondaire. Pour toutes les autres, il faudra attendre 1974 et la Révolution des Œillets.

Enfin, quand la question du genre se conjugue à celle des « minorités », le droit de vote universel mets du temps à s’affirmer : aux Etats-Unis où les Afro-américaines n’ont accédé au droit de vote qu’en 1965 avec le Voting Rights Act, et en Afrique du Sud, où les femmes métisses devront attendre 1984 et les femmes noires 1994, quand les femmes blanches ont obtenu le droit de vote en 1931.

Si l’écho de leurs voix faiblit, nous périrons…

Cette semaine, j’ai accompagné 6 classes de 3ème [1]  à Cracovie et à Auschwitz pour un voyage mémoriel de 2 jours financé par le Département, avec le soutien de la SNCF, en partenariat avec le Mémorial de la Shoah, à l’occasion du 80ème anniversaire de la libération des camps de concentration. 

Un moment extrêmement fort et important pour ces quelque 150 jeunes accompagnés par leurs enseignant.e.s, qui leur a permis d’approfondir les connaissances acquises en classe et de les confronter avec les traces extrêmement poignantes de ce que fut  la réalité atroce et sinistre de la Shoah ; de prendre la mesure de la barbarie nazie et de comprendre avec plus d’acuité les ressorts du racisme, de l’antisémitisme et de la haine.  L’occasion également de s’inscrire dans cette histoire, notre Histoire, pour la connaître et la transmettre, à l’heure où les derniers témoins – déporté.e.s, résistant.e.s, juifs, enfants cachés il y a 80 ans – disparaissent.

Une première journée consacrée à la découverte de l’ancien quartier juif de Cracovie, du ghetto, du camp de concentration de Plaszow et du musée historique de l’ancienne usine Schindler, consacré à l’occupation nazie de 1939 à 1945. Le deuxième jour, nous sommes entrés à Auschwitz Birkenau par la Judenrampe, le quai où les juifs déportés de toute l’Europe étaient « triés » avant que l’immense majorité – hommes, femmes, enfants – soient immédiatement mis à mort dans les chambres à gaz : 1,3 million d’êtres humains déportés, 1,1 million de morts dont 1 million de juifs. Nous avons déposé une gerbe avec beaucoup d’émotion avant de poursuivre la visite au camp d’Auschwitz 1, converti en musée mémoriel.

Tout au long de l’année scolaire, ces jeunes bénéficient de parcours ou de résidences Culture et Art au Collège ou de parcours Agora (éducation aux médias et à l’information) et travaillent sur des projets mémoriels en lien avec leur programme d’histoire. Cette médiation culturelle, avec l’appui d’acteurs culturels, artistes, scientifiques, journalistes, cinéastes… fait le lien entre passé et présent, développe leur imaginaire et leur permet de s’approprier l’histoire sous différentes formes, de nourrir leur réflexion et de développer leur esprit critique.  

Comme lors du premier voyage, organisé l’an dernier, félicitations à ces jeunes qui ont fait preuve d’une grande maturité et d’un comportement remarquable, bien loin des clichés dont ils sont trop souvent victimes. Merci à leurs enseignant.e.s pour leur investissement, à nos accompagnateurs du Mémorial de la Shoah et aux guides polonaises.


[1] Collèges Joliot-Curie de Stains ; Louis-Pasteur de Villemomble ; Henri-Wallon d’Aubervilliers, Gustave-Courbet de Romainville, Paul-Painlevé de Sevran 

Commémoration et paix

J’ai participé hier aux commémorations du 8 mai 1945, le matin à Montfermeil et l’après-midi à Bobigny, à la cérémonie départementale pour le 79ème anniversaire de la victoire de la France et de ses alliés sur l’Allemagne nazie. La fin de la seconde guerre mondiale s’est soldée par des millions de morts, dont 6 millions de juifs ; mais aussi des victimes civiles ; soldats ; résistant.e.s engagé.e.s pour un monde plus juste et plus fraternel… Nous devons transmettre cette mémoire aux plus jeunes et les amener à réfléchir au monde dans lequel nous vivons. Mais le travail de mémoire demeure sélectif : le 8 mai 1945, les massacres perpétrés à Sétif, Guelma et Kherrata en Algérie nous rappellent qu’un peuple se soulevait contre sa colonisation par la France, pour sa liberté et son indépendance.

Alors qu’à nouveau, l’horreur franchit des limites inacceptables, dans la bande de Gaza, en Ukraine et dans de trop nombreux pays,avec les risques d’un embrasement mondial, la paix est une absolue nécessité. Les milliards investis dans l’armement et dans les guerres ne profitent qu’aux marchands d’armes. Continuons d’exiger la paix pour faire vivre et développer les droits humains : l’éducation, la culture, la justice sociale…L’urgence est chaque jour plus pressante.