Egalité formelle, égalité réelle

La « liberté garantie » de l’IVG a été inscrite dans la Constitution le 4 mars par 780 voix contre 72, faisant suite à des années de mobilisation et de combat des femmes pour le droit à disposer de leur corps, un droit fondamental : depuis le procès de Marie-Claire défendue par Gisèle Halimi, à Bobigny en 1972, en passant par la loi Veil en 1975 et la première proposition de constitutionalisation de ce droit ,déposée au Sénat en 2017 par le groupe communiste, avec, notamment, Eliane Assassi et Laurence Cohen…  

Une victoire donc, et une avancée symbolique dont je mesure la portée et qui me réjouit, quand ce droit est menacé dans de nombreux pays, en Europe comme aux Etats-Unis ou en Argentine.

Une victoire qui se heurte à la réalité de terrain et aux moyens alloués à cette politique de santé publique quand les déserts médicaux avancent et que les services ferment. Le Planning familial considère que 130 centres ont fermé en 15 ans et, sur notre territoire de proximité, la clinique Vauban qui réalisait 1500 IVG par an il y a quelques années encore, a fermé, laissant des femmes, jeunes le plus souvent, dans le désarroi.  

FEMMES EN LUTTE !

La semaine dernière, j’ai inauguré l’exposition « Femmes en lutte ! » aux archives départementales, au côté de de Stéphane Troussel et de Pascale Labbé, à l’occasion du 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

Conçue à partir du riche fonds photographique des Archives départementales, cette exposition donne à voir, sur une période de 50 ans, l’histoire des femmes dans les manifestations et les grèves ouvrières, notamment lors de la désindustrialisation de la Seine-Saint-Denis. Un cycle mensuel de visites guidées ainsi que trois tables rondes en avril, mai et juin, complètent l’exposition.

Au préalable, nous avons donné le nom de Suzanne Citron aux archives départementales, en présence de sa famille. Historienne et essayiste, son ouvrage “Le mythe national, l’histoire de France revisitée”  publié en 1987 et réédité en 2017, met à distance les clichés qui ont peuplé nos livres d’histoire et invite à la réflexion.

Résistante pendant la 2nde guerre mondiale et anticolonialiste, militante pour un enseignement renouvelé de l’histoire, qui donne à toutes les Françaises et tous les Français, quelle que soit leur origine, le droit d’avoir un passé différent et d’inscrire leur mémoire familiale dans celle de notre pays. Elle le fit ici-même, en Seine-Saint-Denis, comme professeure pendant 11 ans à l’Université Paris XIII-Villetaneuse.

Les droits des femmes ne sont jamais acquis. La réforme des retraites notamment, aura pour première victime les femmes, plus exposées aux emplois précaires, aux carrières hachées et aux difficultés économiques. Rendez-vous demain,15 mars pour la 10ème journée de mobilisation contre la réforme du gouvernement.