L’hôpital public en détresse vitale !

Alors que les vacances d’été approchent, 120 services d’urgence ferment ou réduisent leur activité, faute de personnels. « Aux urgences, un service sur cinq est en danger de fermeture cet été. Il y aura donc des morts » écrit le professeur Adnet, chef des urgences de l’hôpital Avicenne à Bobigny, dans Le Monde. Côté accouchements, le principal syndicat de gynécologues déclare que la pénurie de soignants a « atteint un niveau critique » dans les maternités, faisant courir un risque de « fermeture estivales inopinées » et laisse à craindre un « accident imminent ».  Les trois hôpitaux de Grand Paris-Nord Est, à Montfermeil, à Aulnay-sous-Bois et à Montreuil ne sont pas en reste, connaissent également des difficultés et craignent l’été à venir.

Les personnels médicaux et socio-sanitaires sont épuisés et désabusés, et le manque de personnels conduit à la fermeture de lits, de salles d’opérations ; à des retards de prise en charge, à la déprogrammation d’interventions…. Ce mardi 7 juin, neuf syndicats et collectifs ont appelé à la grève pour la défense de l’hôpital public.

Ces revendications ne sont pas neuves . Les personnels tirent la sonnette d’alarme sur leur condition de travail et l’état déplorable de ce service public depuis trop longtemps, bien avant la crise du COVID19, alors même que celle-ci a fortement aggravé les difficultés. Le lot de promesses gouvernementales, dont le Ségur de la santé qui en a découlé n’a – sans surprises – pas été tenu.  Un seul exemple : au plan salarial, il y a 13 € d’écart entre une infirmière spécialisée et une jeune infirmière en début de carrière… Aussi, j’apporte mon soutien à leurs revendications, inchangées depuis 3 ans :

  • Un recrutement supplémentaire de professionnels.les, avec un plan de formation pluridisciplinaire et des conditions de travail décente.
  • Une revalorisation des salaires pour rattraper 10 ans de blocage.
  • Un renforcement de moyens financiers pour recruter les personnels et recentrer les professionnels.les du soin sur leur cœur de mission : brancardiers, coursiers, logisticiens, secrétaires…
  • L’arrêt de toutes les fermetures d’établissement, de services et de lits, et la réouverture de lits partout où c’est nécessaire.
  • Des mesures pour garantir l’accès, la proximité et une prise en charge optimale en terme de qualité et de sécurité des soins pour toutes et tous.

Le plus grand hommage aux soignants, c’est de soutenir l’hôpital !

J’ai apporté mon soutien hier à a la direction de l’hôpital de Montfermeil et aux personnels, après les récents reportages de nombreux médias sur la situation critique de notre hôpital, dont un reportage au journal de 20 h sur France 2 : le manque de personnel, épuisé, témoigne du manque de moyens humains accordés à l’hôpital public alors que la pandémie de Covid-19 s’aggrave de nouveau et que le nombre de patients Covid est passé de 60 à 100 en une semaine. Une situation intolérable qui appelle une réponse forte, immédiate et concrète de du Ministère de la Santé et de l’Agence Régionale de Santé.

(photo : Hôpital du Raincy-Montfermeil)

Comme en témoigne Lydia Pierre-Schull, la directrice des soins, il y a au total, tous services confondus, « une quarantaine d’infirmières arrêtées parce qu’elles ne sont pas bien, elles sont épuisées et cette fois-ci, nous n’avons pas d’aide comme l’an dernier ». Effectivement, contrairement à la première vague, l’hôpital ne bénéficie pas de renforts d’élèves infirmiers ni de soignants venus d’autres régions.

Et comme le souligne Marie, infirmière de l’hôpital, « Cela ne s’arrête jamais. On est fatigués, en est constamment là. Les vacances, on a dû les annuler pour le bien-être des patients et des collègues, mais ont est épuisés ».

L’attribution à titre posthume du grade de chevalière ou chevalier de la Légion d’honneur à Elena Mamelli, regrettée directrice des soins de l’hôpital de Montfermeil, décédée en mars dernier après 31 ans de service et à 14 soignant-es (médecins, aides-soignantes, agents hospitaliers, mais aussi ouvrier spécialisé) ayant perdu la vie « en allant au contact des malades du coronavirus lors de la première vague de l’épidémie début 2020 » est un hommage mérité à ces femmes et hommes qui seront restés fidèles à leur engagement de protéger leurs semblables, y compris au péril de leur vie.

Mai si le gouvernement souhaite réellement et concrètement rendre hommage à Elena Mamelli et toutes celles et ceux qui sont tombés dans la lutte contre la pandémie, il devrait (et aurait déjà dû depuis longtemps) rompre avec sa doctrine de réduction des coûts et redonner de véritables moyens au système de santé publique de notre pays.

Comme en mars dernier, notre tristesse et notre reconnaissance ne peuvent qu’être mêlées à la colère au vue des grandes difficultés que continue à vivre notre hôpital.

Quel avenir pour l’hôpital de Montfermeil ?

Alors que la pandémie repart à un niveau inquiétant dans notre département, qu’en est-il de la situation de l’hôpital de Montfermeil et de ses équipes qui ont déjà tant donné pour la qualité du service public hospitalier ? A quel prix l’hôpital sera-t-il reconstruit ? Retour sur l’inquiétant rapport de la Chambre régionale des comptes et sur mon intervention au Conseil de surveillance de l’hôpital en juin dernier ; sur la mobilisation des soignants de l’hôpital face au Ségur de la santé et sur l’hommage émouvant rendu à Elena Mamelli, directrice des soins infirmiers décédée de la Covid-19.